Il était une voix - Marina Al Rubae

Dans son livre, Marina nous raconte son histoire et celle de ses parents. À travers son récit, on découvre comment elle est devenue au fil du temps une aidante.

Marina a grandi avec des parents sourds. Marina n’est pas sourde ni son frère ni sa sœur d’ailleurs. J’ai été personnellement émue par sa découverte du monde des entendants en entant à l’école maternelle puis à l’école primaire. Jusqu’alors Marina ne communiquait qu’en langue des signes. C’est à l’école qu’elle est confrontée au langage parlé. Malgré les difficultés, Marina s’est toujours accrochée. La devise de ses parents : ne jamais baisser les bras, y croire, persévérer. « Il était une voix » c’est l’histoire de la lutte d’une petite fille pour être la voix de ses parents, pour qu’ils soient reconnus par la société comme des personnes normales.

Marina devient petit à petit l’interprète de ses parents. Elle sert d’intermédiaire. Pour ma part, j’ai tout à fait compris ce qu’elle décrit. J’ai ri lorsqu’elle décrit les retrouvailles avec sa famille iraquienne exilée en Grande-Bretagne. Une partie de la famille se retrouve là-bas, Marina traduit en langue des signes, traduit en anglais. Je me suis revue des années auparavant lorsque je servais d’intermédiaire entre mes parents ne parlant ni l’anglais ni l’allemand et mes amis allemands ne parlant pas français et mes amis anglais ne parlant pas allemand. Une pagaille joyeuse. Tellement fatigant aussi pour la personne qui sert d’intermédiaire.

Marina fait le pont dès son plus jeune âge entre le monde des entendants et le monde de ceux qui n’entendent pas. Marina va à l’école mais elle occupe tous ses temps libres à batailler auprès de l’administration pour aider ses parents. Elle est devenue experte dans ce domaine.

Mais, Marina a fini par s’épuiser. Son corps a fini par lâcher. Mais elle a su remonter la pente. Elle a fini également par comprendre que son frère cadet et sa jeune sœur, qui sont également entendants, pouvaient eux-aussi prendre le relais. Elle a également pris conscience du fait que ses parents pouvaient se débrouiller seuls et qu’ils n’étaient pas nécessairement perdus sans elle. J’ai trouvé très émouvant le passage où elle craque. Elle est en train d’essayer d’aider sa mère mais n’arrive pas à se concentrer. Elle regarde son frère qui s’amuse. Pourquoi cela devrait être forcément elle à tout porter sur ses frêles épaules ? Quelle émotion lorsque ce dernier finit par dire à Marina qu’il a tellement l’habitude de voir Marina se charger de tout, qu’il ne se sent pas légitime à également aider. Marina se rend compte qu’elle doit aussi laisser la place à son frère et sa sœur.

Tout n’a pas été facile pour Marina à l’école. Il y a des passages touchants et criants de vérité. Eh oui, la langue maternelle de Marina est la langue des signes. Elle a dû faire tout un apprentissage de la langue parlée et écrite. Son frère et sa sœur n’ont pas eu les mêmes problèmes, sans doute parce qu’elle leur a montré la voie.

Marina, qui souhaitait devenir journaliste pour faire entendre la voix de ceux qui ne peuvent pas se faire entendre, a tenu bon malgré l’affirmation sans appel d’une enseignante de français. Heureusement que tous n’ont pas été ainsi vis-à-vis de Marina. À force de volonté, elle est devenue journaliste. Bravo Marina. Ton parcours m’a émue.

Et quelle belle conclusion ! « Je ne cherche plus à trouver ma place dans un monde plutôt qu’un autre. Je choisis de naviguer dans l’un comme dans l’autre, de prendre le meilleur de chacun. Par mon vécu et mon regard, je suis comme un  » pont  » qui relie ces deux univers pour leur permettre de mieux se connaître, de se comprendre, voire de  » s’entendre « . »

 

Auteur : MARINA AL RUBAEE
Éditeur : Mazarine
Date de parution : 18/09/2019

EAN : 978-2863745090
ISBN : 2863745093

Marina Al Rubaee

Marina Al Rubaee

J’ai fait la connaissance de Marina dans la Bulle avec Sofia (Lackhar).

Un jour j’ai découvert le podcast de Christophe Hondelatte mettant en avant le livre de Marina. https://www.youtube.com/watch?v=Y59PP2IhKoI

J’ai eu envie de lire le livre de Marina. Je vous invite à faire de même.