Lecture "La Curée" - Émile Zola
La Curée - Zola - image

Les élèves à qui je donne des cours de soutien scolaire ont des livres à lire. Je m’efforce de les lire également. C’est ainsi que je viens de relire « La Curée » d’Émile Zola.

Je pense avoir ENFIN compris pourquoi je n’aimais pas trop Émile Zola, lorsque j’étais adolescente. C’est son approche scientifique – il est, si je ne me trompe, le chef de file des naturalistes – qui me rebute quelque peu. Il décrit la vie de ses personnages sans fioritures aucunes, avec leurs côtés les plus sombres.

« La Curée » se situe au début du Second Empire, dans Paris, qui va peu à peu se transformer avec les travaux du Baron Haussmann. Le héros Aristide Rougon, qui change son nom en Saccard afin de ne pas faire d’ombre à son frère Eugène Rougon, ministre, va faire fortune en faisant de la spéculation immobilière.

Alors que sa première femme Angèle est à l’agonie, Sidonie, sœur d’Aristide, lui propose de faire un mariage de convenance avec Renée Bréaud du Chatel, jeune fille de la haute bourgeoisie, enceinte à la suite d’un viol. Aristide et Sidonie n’ont même pas la décence d’attendre qu’Angèle décède ; ils parlent devant elle sans aucun remords. Cela en dit long sur la moralité de ces personnages.

Aristide épouse donc Renée. La dot de cette dernière est une aubaine pour Aristide. Renée fera une fausse couche. Mais l’honneur est sauf. Aristide n’aura de cesse de dépouiller sa femme. A-t-il éprouvé des sentiments pour sa femme, qu’il considère plus comme un coffre-fort ? Est-il d’ailleurs capable d’émotions ?  

Renée va laisser libre cours à son mal-être et noyer son ennui tant bien que mal, notamment dans les liaisons éphémères, débauches, frivolités et dépenses. Elle nouera des liens très forts avec son beau-fils, Maxime de dix ans plus jeune. Ils sont tout d’abord confidents, Maxime, être fragile et faible, ayant un côté androgyne, ne cherchant que les plaisirs et l’argent. Ils finiront par avoir une relation incestueuse, un peu par hasard. C’est Renée qui en prend l’initiative. Maxime se laisse faire.

Dans ce roman, Émile Zola aborde différents thèmes : l’avidité, l’appât du gain, l’argent, la spéculation immobilière, la transformation de Paris, la débauche, l’inversion/confusion des genres. Renée est certes très féminine, mais elle se comporte en homme quand elle est avec Maxime, qui lui se laisse dominer par Renée.

Si les principaux personnages n’ont éveillé aucune sympathie de ma part, j’ai éprouvé de la tristesse (empathie ?) pour Renée qui ira au bout de sa passion pour Maxime et qui finira seule, abandonnée de tous, totalement dépouillée par son mari.

 

N’a-t-elle pas été plutôt le jouet des hommes, d’abord celui qui l’a violée, ensuite son mari qui ne voit en elle que le moyen d’assouvir sa soif de fortune et enfin Maxime, qui, lui aussi est fautif, mais qui ne semble éprouver aucun remords ?

 

Mais pourquoi Zola présente-t-il Renée comme une personne oisive, frivole, débauchée ?

Est-ce dans le but de n’éprouver aucune empathie pour elle ?

 

Auteur : Émile Zola

Date de parution : 1871