Approchez, mes chers enfants ! Je vais vous raconter l’histoire de Zarbi, le roi des voleurs.

Il était une fois, en Égypte, au temps des pharaons un jeune homme que l’on appelait Zarbi. Ce n’était pas son vrai nom bien entendu, mais c’est ainsi que son entourage le surnommait. Pourquoi me direz-vous ? Eh bien, parce qu’il était bizarre. Vous pensez que le verlan date du XXe siècle, n’est-ce pas ? Eh bien, c’est entièrement faux. Dans l’Antiquité, le peuple parlait déjà l’argot.

Il était, certes bizarre, mais il avait le cœur sur la main et ne supportait pas de voir à quel point le peuple pouvait manquer des biens les plus élémentaires pour se vêtir, se nourrir, bref pour vivre. De par sa petite taille, il lui était possible de se faufiler partout. Il revêtait alors sa cape d’invisibilité et entrait chez les nantis pour voler des pièces, des bijoux, des étoffes, des vêtements. Ces biens, il ne les gardait pas pour lui. Il les distribuait dans les bas quartiers de sa ville afin que chacun puisse manger et s’habiller. Il était aimé de tous sauf bien entendu de ceux qu’il volait. Mais son plus grand ennemi était Polkeuf, le chef de la police du pharaon Khafrê. Polkeuf en avait plus qu’assez de se voir ridiculiser par ce brigand.

 

Il eut, alors, un jour l’idée d’attirer Zarbi dans un traquenard. Il fit circuler le bruit qu’un trésor inestimable avait été enseveli dans la pyramide de Kheops, ce dernier ne pouvant supporter l’idée de voir sa fortune et ses trésors laissés aux mains de ses héritiers.

Et Zarbi ne put, en effet, s’empêcher de se rendre à la pyramide. L’occasion était trop belle. Il était sûr que ses concitoyens pourraient vivre des années sans plus de soucier de mourir de faim.

 

Protégé par sa cape d’invisibilité, il réussit à s’approcher de l’entrée du monument imposant, sans être vu par les gardes. Zarbi pénétra sans difficulté dans la pyramide, une porte étant ouverte.

Dès qu’il fut à l’intérieur, il trouva sans difficulté la chambre mortuaire où étaient entreposés les trésors ainsi que le sarcophage de Kheops. Mais Zarbi aurait dû se méfier. Une fois à l’intérieur de cette pièce, la lourde porte se referma sur lui.

 

Il se rendit alors compte qu’il était tombé dans un horrible piège. Il ne pourrait pas tenir longtemps sans oxygène, il le savait très bien. Non, cela n’était pas possible ! Il ne pouvait pas se retrouver, enfermé pour l’éternité, avec ce pharaon qui avait écrasé son peuple. Il implora alors son bon génie. « Je t’en prie, aide-moi à sortir de là. Tant de gens comptent sur moi ! »

 

C’est alors que son bon génie lui apparut. « Ne crains rien ; si tu arrives à répondre à une énigme, tu pourras sortir. Mais pour cela, il faut que tu trouves la cachette où celle-ci est cachée. Je ne peux pas t’en dire plus, mais je suis sûr que tu y parviendras. En fait, tu te trouves dans un espace que le Peuple des Temps Nouveaux appelle « Escape Game ». Eh oui, dans l’autre dimension, les gens, qui s’ennuient, ont inventé un jeu consistant à être enfermé dans des pièces d’où tu ne sors qu’en répondant à une devinette ».

 

Zarbi eut du mal à tout comprendre. Mais ce qu’il retint de tout cela, c’est que, s’il était suffisamment futé, il pourrait s’en sortir. Où l’énigme pouvait bien être cachée ? Il se gratta la tête, réfléchit quelques instants. Tout à coup, il se redressa, joyeux. Il était presque sûr d’avoir trouvé l’endroit : dans le sarcophage à coup sûr. Zarbi prit alors son courage à deux mains, s’approcha du sarcophage, l’ouvrit. Et entre les bandelettes de la momie, il trouva un papyrus qu’il lut : « Quel être, pourvu d’une seule voix, a d’abord quatre jambes, puis deux jambes, et trois jambes ensuite ? Il s’agit de l’Homme. De fait, lorsqu’il est enfant, il a quatre jambes car il se déplace à quatre pattes, adulte, il marche sur deux jambes ; quand il est vieux, il a trois jambes, lorsqu’il s’appuie sur son bâton. Toi qui lis cette énigme, tu ne sortiras de la chambre mortuaire et de la pyramide que lorsque tu auras trouvé la réponse que tu prononceras à haute voix ».

 

« Facile » dit Zarbi, « il s’agit de l’homme. Quand il naît, il marche à quatre pattes (il a donc quatre jambes), quand il est adulte, il marche sur ses deux jambes et lorsqu’il, vieillit il s’appuie sur une canne (il a donc trois jambes) ».

 

À peine l’énigme résolue, Zarbi put sortir de la chambre mortuaire ainsi que de la pyramide. Il emporta, bien entendu, tous les trésors du tombeau qu’il distribua aux pauvres de la basse ville. Et tout le monde vécut heureux.

 

Copyright texte : Catherine Esnard

 

Nota : j’ai écrit ce texte dans le cadre de ma formation à l’animation d’ateliers d’écriture Sunshine de Sandra Rastoll.

Dans un atelier d’écriture, l’animateur met en condition et fait une proposition d’écriture avec des consignes et des contraintes. La consigne qui m’a amenée à écrire le récit ci-dessus était la suivante : Sous forme d’escape game, racontez à l’aide d’un conte comment Zarbi, le roi des voleurs a pu s’échapper de la pyramide de Kheops alors qu’il était piégé dans la salle mortuaire scellée.